Le Goût du jour

2008

Photo©Sandra Pointet

Collection du Musée du Château de Nyon /Collection du MUDAC

Michèle Rochat réalise des œuvres « décalées  »  : des assiettes qui, entre ses mains, ont fait l’objet d’un décapage partiel, d’un sablage aussi ciblé que minutieux. Il a permis d’éliminer certaines parties du décor d’origine et d’en créer de nouveaux. 

Ce sont généralement des assiettes décoratives « souvenirs » ou « commémoratives », des productions industrielles jugées laides et vulgaires par l’intelligentsia du bon goût. Elle leur offre une nouvelle vie, leur confère de nouvelles fonctions plus « critiques ». Elle se garde bien d’éliminer leurs caractéristiques esthétiques premières. Le soi-disant « mauvais goût » n’est pas le danger de ces assiettes. Elles sont ce que l’on appelle des marqueurs sociaux. 

Michèle Rochat réalise une sorte de recyclage subtil et salvateur conférant à ces pièces un nouveau statut, celui d’œuvre d’art – assez pernicieuses il faut l’avouer –, et nous permet, en même temps, de nous interroger sur la manière dont certaines idéologies peuvent être véhiculées dans notre société de façon assez surprenante et le plus souvent à notre insu. Les dangers du patriotisme naïf, des nationalismes en tout genre, de la foi aveugle, des valeurs refuges que sont les traditions sclérosées, apparaissent au grand jour.  

Yves Peltier, commissaire de la Biennale de Vallauris